la Nécropole rocheuse de Pantalica Lieu : Région de Sicile, province de Syracuse Date de réception : 2 février 2004 Catégorie de bien : En termes de catégories de biens culturels, telles quelles sont définies à l'article premier de la Convention du Patrimoine de 1972, il 'agit de la conjonction d'un ensemble et dun site. Aux termes du paragraphe 27 des Orientations devant guider la mise en uvre de la Convention du patrimoine mondial, il s'agit, partiellement,dun ensemble urbain de la catégorie : « villes mortes,témoins archéologiques figés dun passé révolu ». Brève description : Le bien est constitué de deux éléments distincts, mais territorialement complémentaires : a) La Nécropole de Pantalica La zone comprend plus de 5000 tombes taillées dans le rocher, avoisinant des carrières à ciel ouvert du type « latomies ». Il y persiste également des vestiges dépoque byzantine et, surtout, les fondations de l«Anaktoron » ou « Palais du Prince ». Pour l'essentiel, les tombes remontent à la période qui sétend du XIIIe au VIIe siècle avant J.-C. Superficie de la zone : 205,86 ha Zone tampon : 3 699,70 ha Description Située au bord de la Méditerranée, au Sud-Est de la Sicile,jouissant depuis toujours dun climat favorable et d'un relief peu mouvementé, la zone des monuments et sites archéologiques proposés pour linscription sur la liste du patrimoine mondial a connu loccupation humaine depuis la Protohistoire. a) La Nécropole de Pantalica Elle s'étend dans la région de Sortins, sur près de 1 200 m du Nord au Sud et 500 m dEst en Ouest. Dans le relief accidenté (cavernes et précipices) et un environnement naturel dune grande beauté, environ 5000 tombes sont visibles, le plus souvent taillées à pic dans le rocher. Elles se repartissent en cinq ensembles : - la nécropole du Nord-Ouest, avec environ 600 tombes, aménagées en groupe de 5 ; - la nécropole du Nord, avec environ 1 500 tombes : cest la plus vaste et la plus spectaculaire (date : 1 200 -1 100 avant J.-C.) ; - la nécropole du Sud, entre les deux précédentes et datant de la même période ; - la nécropole du Filipporto, avec environ 500 tombes et la Nécropole Cavetta, avec 300 tombes environ (ce dernier ensemble date des IX VIIIe siècle avant J.- C.). Les recherches archéologiques ont permis de dégager, dans cette zone, les vestiges d'un habitat de l'époque de la colonisation grecque, où lon a reconnu des matériaux dorigine mycénienne ainsi que des structures monumentales qui permettent didentifier l'« Anaktoron »ou « Palais du Prince ». De même, on a pu reconnaître une période de réoccupation du site aux IX Xe siècle : la zone a servi, en effet, pour ladéfense contre les invasions de la Sicile par les armées arabes. Pour la nécropole de Pantalica, conservée dans son intégrité, l'authenticité matérielle et fonctionnelle est évidente. Pour Syracuse, la continuité historique, malgré la diversité des cultures successives, la fonction et lesprit des lieux assurent également le critère dauthenticité. La seule question qui peut légitimement se poser concerne l'authenticité de la zone dOrtygia au c'ur de la cité moderne. À bien considérer, la superposition des cultures et la stratigraphie architecturale n'ont altéré ni les matériaux ni l'usage des monuments (du temple à l'église par exemple). En conséquence l'authenticité de ces monuments peut être reconnue. Évaluation comparative Le dossier de proposition dinscription met remarquablement en exergue les caractéristiques historiques et culturelles dune part, urbanistiques et architecturales, de lautre, qui font de Syracuse un unicum en Méditerranée occidentale. Pour lAntiquité, la seule comparaison possible à faire serait avec Carthage et Athènes. Carthage, on le sait, fut détruite et rares sont les vestiges archéologiques de son passé phénico-punique. Reste Athènes dont les splendeurs monumentales sont connues. Mais elle na pas gardé, autant que Syracuse, la marque de linterpénétration, tout au long des siècles, des différentes cultures du monde occidental. Enfin, il nest pas une ville qui présente, comme Syracuse, de témoignages de valeur exceptionnelle allant du grec archaïque au baroque, en passant par le romain et le paléochrétien. Valeur universelle exceptionnelle Déclaration générale : Le bien proposé pour linscription répond tout à fait aux dispositions du paragraphe 24 des Orientations devant guider la mise en uvre de la Convention du patrimoine mondial. De fait, la stratification humaine, culturelle, architecturale et artistique qui caractérise le territoire de Syracuse en a fait un unicum dans lhistoire de la Méditerranée, bassin des diversités culturelles. Du grec archaïque au baroque, la ville témoigne, dans la catégorie dexcellence, de sa valeur universelle exceptionnelle. Évaluation des critères : Les critères ii, iii et iv auxquels se réfère la proposition dinscription correspondant aux valeurs riches, réelles et constatées, des biens décrits dans le dossier. La question peut se poser en ce qui concerne la référence au critère vi, critère qui fait souvent problème. Mais il faut reconnaître ici quil sagit dun cas exceptionnel : Syracuse fut directement liée à des événements, à des idées, à des uvres littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle. Car à Syracuse sont liés les noms de : - deux grands poètes grecs : Pindare, poète lyrique (518-438 avant J.-C) et Eschyle, poète tragique, le créateur de la tragédie antique (525-456 avant J.-C.) - un grand penseur universel, le philosophe grec Platon (427-348 avant J.-C.). - un immense savant grec, né lui-même à Syracuse, Archimède, mathématicien et physicien (287-212 avant J.-C), fondateur de la statique et inventeur des mécaniques subtiles : leviers, machines de guerre. 4. RECOMMANDATIONS DE LICOMOS Recommandations pour le futur Si le bien est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, les autorités concernées par sa gestion doivent redoubler de vigilance pour éviter les problèmes qui naissent de linsertion du processus de conservation dans un environnement urbain vivant et évolutif. Une attention particulière devrait être accordée aux maisons actuellement vacantes à Ortygia et les autorités concernées devraient être invitées à leur trouver une insertion dans la fonction urbaine active. En général lEtat partie pourrait être invité, en cas dinscription du bien, à faire un rapport circonstancié sur sa conservation et sur lévolution de son état, une fois tous les 5 ans. 160 Recommandation concernant linscription LICOMOS recommande que le Comité du patrimoine mondial adopte le projet de décision suivant : Le Comité du patrimoine mondial, 1. Ayant examiné le document WHC-05/29.COM/8B, 2. Inscrit le bien sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères ii, iii, iv et vi : Critère ii : Les sites et les monuments qui composent lensemble de Syracuse/Pantalica constituent une forme unique daccumulation, à travers le temps et dans un même espace, de témoignages remarquables des cultures méditerranéennes. Critère iii : Lensemble Syracuse/Pantalica offre, à travers sa remarquable diversité culturelle, un témoignage exceptionnel sur le développement de la civilisation durant près de trois millénaires. Critère iv : Lensemble des monuments et des sites archéologiques, qui sétendent à Syracuse entre le noyau dOrtygia et les vestiges répartis à travers le territoire urbain, présente lexemple éminent dune création architecturale qui sest illustrée sous plusieurs aspects culturels : grec, romain, baroque. Critère vi : Lantique Syracuse fut directement liée à des évènements, à des idées et à des uvres littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle. 3. Invite les autorités responsables de la gestion du bien à redoubler de vigilance pour éviter les problèmes qui naissent de linsertion du processus de conservation dans un environnement urbain vivant et évolutif. 4. Encourage lÉtat partie à accorder une attention particulière aux maisons actuellement vacantes à Ortygia et à leur trouver une fonction dans lactivité urbaine. 5. Demande à lÉtat partie de faire un rapport circonstancié sur la conservation et sur lévolution de létat du bien, une fois tous les 5 ans. ICOMOS, avril 2005 |